L'Auditeur Imprévu

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Franz avait fini de s’installer au pensionnat, ce matin-là, et après avoir pris un déjeuner plutôt frugal, il avait décidé de visiter la salle de musique, salle où il allait faire prochainement ses cours.

Après s’être procuré la clé, et pris son violon, il entra lentement dans la pièce jusqu’alors inutilisée. Les murs nus, d’un brun doux et agréable et le parquet de bois ciré donnaient à la pièce un aspect très chic. Les chaises et les tables étaient alignées et au fond de la salle, il y avait un bureau et, détail qui émerveilla Franz, un petit piano crapaud d’ébène noir et lustré. Il posa son sac et l’étui de son violon à coté du bureau et s’y assit. Il se sentait bien, dans cette pièce. Une grande fenêtre en hauteur faisait pénétrer la douce lumière du jour dans la salle, l’éclairant sur toute sa longueur. Franz se fit alors la remarque qu’il faudrait apporter quelques posters pour humaniser un peu la salle. Une armoire se situait à coté du bureau, il y plaça les notes de ses futurs cours et constata qu’il y avait une petite chaîne hi-fi, ce qui serait parfait plus tard pour faire faire des écoutes à ses élèves.

Puis, il se releva, s'approcha du piano et frôla des doigts les touches de celui-ci. Il plaqua ensuite quelques accords pour regarder si celui-ci était bien accordé. Ce n’était pas la perfection même mais cela lui suffisait.

Actuellement, il n’avait pas, pour l’instant, assez d’élèves pour commencer ses cours, il devait donc s’occuper en attendant. Il sortit le violon de son étui et vérifia l’état des cordes et nettoya un peu de poussière qui s’était accumulée dans la caisse de résonnance de celui-ci. Il n’avait pas eu le temps de jouer depuis si longtemps ! Il prit un peu de colophane, astiqua rapidement son archet (ce geste si souvent réitéré devenait machinal) et posa l’instrument sur son épaule. Inclinant la tête, il réfléchit à ce qu’il allait bien pouvoir jouer. La pièce impeccablement rangée, le brun apaisant des murs et le parquet élégant lui donna l’envie de jouer le solo d’un Concerto de Bach pour violon, qu’il jouait beaucoup, autrefois. Il ferma les yeux et fit maladroitement les premières notes. Il grimaça. Il y avait tant de temps qu’il ne s’était pas entraîné… Son esprit musical était encore tout courbaturé ! Il fit donc quelques gammes rapides, quelques trilles et se décida à recommencer. Cette fois, il sentit cette sensation si familière qu’était l’attirance de ses sens vers un autre monde, comme si la musique l’enveloppait et le portait dans des brumes aériennes délicieuses. Emporté par la musique, il oublia rapidement le temps qui passait.

Les dernières notes arrivèrent soudain, et c’est dans un emportement incontrôlé qu’il fit résonner longuement les triomphales dernières notes du Concerto dans un sourire béat. Les yeux fermés, il revoyait tous ces gens qui l’applaudissait lors de ses concerts, cette foule levée, l’acclamant et souriant, il entendait encore le battement incessant de leurs mains… Trop réellement d’ailleurs. Il se rendit soudain compte que quelqu’un l’applaudissait vraiment. Pris d’un malaise, il ouvrit les yeux… Qui s’agrandirent de surprise. Quelqu’un s’était en effet faufilé par la porte ouverte pendant qu’il jouait et l’applaudissait...

Invité

Quelques notes et un chant discret, voilà ce qui se dégageait de la chambre 1 quand Aaron se trouvait tout seul. C'était le cas ce jour ci, il n'avait rien à faire de particulier à par ses devoirs, qu'il était en train de terminer. C'était toujours plus agréable de les faire en avance et puis ainsi, il pourrait aider ceux qui avaient du mal. Son seul soucis était de comprendre la langue écrite, et il avait à côté de lui un dictionnaire anglo-japonais avec lequel il s'aidait pour faire ses leçons. Il l'avait toujours sur lui, dans une sacoche qu'il ne quittait pas. Klaria elle, elle semblait dormir sur le lit de son humain. Tout était calme et propice au travail.
Pourtant, Aaron se détourna de ses leçons après les maths, et alla fouiller dans un de ses tiroirs, d'où il sortit des partitions de piano, et les ouvrit. Il chantonna l'air et commença à bouger ses doigts comme s'ils étaient sur un vrai piano. C'était assez courant, comme une manière de ne pas oublier comment on en jouait. Seulement, il lui manquait quelque chose : un vrai piano. Aussi, il prit ses partitions, appela Klaria, qui releva la tête avant de le suivre d'un bond.

Dans les couloirs, il espérait une chose : que la salle de musique soit ouverte. Puis, il se souvint qu'il fallait demander les clés à la vie scolaire pour pouvoir y accéder. Pas de chance, les clés étaient déjà prises. Aussi, il espéra qu'il y ai quelqu'un dans la salle pour pouvoir lui demander s'il pouvait à son tour l'emprunter pour jouer du piano. Suivit de sa compagne à quatre pattes, il alla donc jusqu'à la salle de musique, se perdant plusieurs fois avant d'y arriver.
Une fois sur place, et même un peu avant, il entendit un instrument qu'il reconnu de suite. C'était un violon. Il n'en avait jamais joué ma une de ses sœurs en avait joué pendant une période. C'était d'ailleurs bien plus joli que ce qu'elle avait pu sortir comme son et une fois arrivé devant la porte, le petit curieux entra sans un bruit suivit de Klaria. Celle ci avait les oreilles relevées en l'air et écoutait la douce mélodie qui sortait de cet instrument. Aaron l'imitait, tenant ses partitions dans les bras.

Puis l'homme s'arrêta, et Aaron applaudit fortement. C'était la première fois qu'il entendait du violon joué aussi bien autre part que sur les CD qu'il avait pu acheter. Bon certes, il avait écouté des orchestres, mais là c'était différent. C'était plus … C'était un solo et ils en étaient, avec Klaria et certainement le deamon de cet homme, les seuls auditeurs. C'était comme un privilège non ?
Puis il vit dans les yeux de l'homme la surprise, oui bon, il était entré sans frapper, ni sans demander son avis au musicien, mais ce n'était pas si étonnant quand on savait que le jeune homme était un curieux. Il ne se gêna d'ailleurs pas pour détailler rapidement la personne en face de lui.

Il était tout d'abord évident que cet homme à la chevelure blonde n'était pas un élève. Il était donc membre du personnel de l'école. Aaron se demanda si c'était lui son professeur de musique, et intérieurement espéra que oui vu comment il jouait bien. Mais le plus important pour le moment n'était pas de détailler cet homme d'âge mur, mais de s'excuser et de se présenter.

« Je suis désolé de m'être introduit sans votre accord dans la salle, mais en vous entendnat jouer, je n'ai pas résisté à l'envie de venir écouter. Je m'appelle Aaron Moonlight, et je suis un peu pianiste à mes heures perdues. Et voici Klaria, ma deamon. »

Le jeune garçon disait par là qu'il lui arrivait par moment de jouer du piano, mais qu'il n'était pas excellent. Il avait tendance à se sous estimer et en réalité, il était bien meilleur que ce qu'il pensait. Juste qu'il avait pour seul rapport avec lui les musiques de professionnels qu'il avait écouté sur des CD. A côté il n'était pas bien doué, c'était vrai, mais il savait jouer du piano pas trop mal, et se débrouillait même plutôt bien quand il y mettait ses émotions.

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Le jeune homme finit par se présenter en bonne et due forme, ce qui permit au professeur de prendre un peu plus de contenance (il ne devait sûrement pas avoir l'air très malin avec les yeux écarquillés et la bouche à moitié ouverte.) Il baissa l'instrument et regarda l'élève qu'il avait en face de lui. Il le connaissait déjà un peu, puisqu'il avait lu sa fiche dans les dossiers de l'école... On le lui avait fourni car c'était apparemment un de ses premiers futurs élèves. Aaron Moonlight... Ce nom le fit sourire intérieurement... Cela lui faisait penser à Debussy... C'est alors qu'il se rendit compte que le "garçon" était vraiment un "grand garçon". En effet, celui-ci le dépassait légèrement, ce qui n’était pas dans les habitudes de Franz.

« Eh bien… Bonjour, Aaron. Je m’appelle Franz Himmel, et je serais ton futur professeur de musique. Il faudra donc que tu m’appelles Monsieur Himmel. »

Il valait mieux mettre tout de suite les choses au clair. Franz n’était vraiment pas habitué à parler à des gens plus grands que lui, surtout lorsque c’était un élève. Se rendant compte qu’il était un peu brusque, Franz se radoucit légèrement.

« Je me rappelle que tu as été le premier à t’inscrire aux cours de musique… Tu t’y intéresses vraiment, donc… Et tu fais du piano ? Je suis ravi de l’apprendre… Je pense que tu auras ta place dans mon cours… Enfin, j’espère ! »

Sans le faire exprès, Franz avait haussé et brusqué le ton. Bien sûr, rien ne l’énervait, mais il se sentait mal à l’aise face à un de ses futurs élèves. C’était la première fois qu’il était professeur et ce genre de relation était nouveau pour lui. Il n’avait vraiment pas l’habitude de parler à des adolescents, ou plutôt à de jeunes adultes en l’occurrence. Sa gêne se manifestait par une nervosité visible qui pouvait presque passer pour de l’énervement. Lorsqu’il vit le visage un peu anxieux de Aaron, il se dit qu’il devait rattraper cette humeur par la carte sympathie. Il prit donc un air bienveillant qui se voulait amical et demanda :

« Mais, je suppose que tu n’es pas venu par hasard dans la salle de musique… Tu as besoin de la salle ? Je peux t’être utile ? »

Franz se promit qu’il fallait à tout prix essayer de mettre son tempérament éthéré de côté lorsqu’il fera ses cours.

***

Pas la peine de te dire encore une fois que je suis vraiment désolé, je jure que je ferais mieux la prochaine fois.
Ah, et je me suis adapté à ton style d'écriture, j'espère que ça ne te dérangera pas. Je pense que ça sera plus cohérent, pour la lecture (et puis, il faut dire que je n'avais pas beaucoup d'idées sur ce genre de critères esthétiques)

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Alors cet homme était bien son professeur de musique. Il avait l'air plutôt sympathique, si o enlevait le fait qu'il soit bouche bée. Il se présenta comme étant le Franz Himmel. Il allait donc devoir l'appeler monsieur Himmel. Cela n'allait pas très difficile pour le jeune garçon. Bien sur, il avait remarqué le ton un peu brusque, mais le jeune homme avait mis cela sur le coup de la surprise. Il lui dit ensuite être le premier élève à s'être inscrit. Aaron en fut grandement étonné, il était persuadé que d'autres avaient du s'inscrire avant lui, après tout la musique était quelque chose de merveilleux.

« Euh … Oui, je fais un peu de piano. J'espère aussi avoir ma place dans ce cours Monsieur Himmel. »

Il était malgré tout un peu intimidé par le ton un peu brusque qu'il avait utilisé à la fin de sa tirade. Aaron n'était déjà pas très à l'aise dans ses baskets au Japon, si en plus il avait quelqu'un en face de lui qui était un peu sec dans ses propos, il avait tendance à se sentir mal à l'aise. Et c'était un peu le cas. Klaria, elle, s'installa derrière le jeune homme, rassurant Aaron. Si elle ne se mettait pas entre les deux personnes, c'était qu'il n'y avait pas à s'inquiéter. L'homme lui demanda s'il avait besoin de la salle de musique et s'il pouvait l'aider.

« Oh … euh … C'est que j'avais l'intention de jouer un peu de piano. Mais si vous utilisez la salle, je peux repartir et revenir plus tard. »

Il tenait fermement ses partitions dans ses bras, toujours un peu gêné maintenant qu'il se disait qu'il avait du entrer dans l'intimité de l'homme en écoutant sa musique sans qu'il ne soit au courant. Il regarda rapidement le piano. Celui ci était magnifique. Ce n'était certes pas un piano comme avait pu voir Aaron à certains concerts, ou comme il avait chez lui, puisque ses parents avaient profité de leur richesse pour lui offrir un splendide piano, mais Aaron trouvait ce piano crapaud magnifique. Un rien pouvait l'émerveiller aussi.

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(Pas de soucis ^^ ça ne me dérange pas ^^)

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« Oh … euh … C'est que j'avais l'intention de jouer un peu de piano. Mais si vous utilisez la salle, je peux repartir et revenir plus tard. »

Ainsi, le jeune homme voulait jouer du piano... Franz sentit soudain un élan de sympathie envers son élève qui semblait sincèrement intéressé par la musique. Le regard qu'il portait au piano, teinté d'une discrète admiration, ravit aussitôt Franz. Etant musicien, voir de jeunes gens émerveillés à coté d'un piano, c'était une des rares choses qui lui plaisaient vraiment.
Franz eut une soudaine envie. Il ne résistait pas au désir d'entendre Aaron jouer... Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas écouté de piano par de jeunes élèves... Et Aaron, même s'il semblait très humble face à ses capacités, semblait franchement aimer le piano (d'ailleurs, il ne venait pas de lui-même dans la salle de musique pour rien !). Franz réfléchit et fit, de la voix la plus aimable possible :

" Vraiment... Ca ne me dérange pas du tout de te laisser le piano... De toute façon, je n'avais pas grand chose à faire, si j'ai joué du violon, c'était juste une petite envie. En échange... J'aimerais beaucoup t'écouter."

C'est alors que Mélody intervint. Jusqu'ici, elle furetait un peu dans la pièce sans que personne ne la remarque. Franz avait l'habitude des manies de Mélody qui avait tendance à fouiner partout lorsqu'elle arrivait dans de nouveaux lieux et la laissait faire. Lorsque Franz fit cette demande, elle poussa soudain un cri strident pour bien annoncer sa présence. Aaron et son daemon sursautèrent. Elle voleta jusqu'à l'épaule de Franz où elle se posa avec une grâce un peu ridicule, à force de courbette et de coups d'ailes inutiles. Elle s'épousseta et toisa Aaron avec froideur, ignorant royalement Klaria.

" Oh, excusez-moi, fit rapidement Franz, que je suis malpoli... Aaron, tu m'as présenté mon daemon et j'ai totalement oublié le mien. Voici Mélody, mon daemon. Elle semble un peu dure à vivre, mais, croyez-moi, il ne faut pas se fier aux apparences."

Mélody se redressa encore un peu plus.

" J'espère qu'elle ne t'a pas fait peur !" fit Franz, un peu inquiet.

Mélody fit soudain à Franz, en parlant par le biais des pensées, ironiquement :

"On va devoir écouter un mioche massacrer des morceaux... Chouette. J'adore déjà ton nouveau métier."

Franz l'ignora, habitué par ses éternelles piques. Mélody continua, s'adressant de haut à Klaria :

"J'espère que ton humain est doué. J'ai déjà mal à la tête."

Aaron, lui, n'avait rien entendu de tout cela et semblait toujours indécis face à la demande de Franz. Le professeur essaya de le mettre plus en confiance :

" Ne t'inquiètes pas ! Je ne te jugerais pas... Quoi que tu joues, quelque soit la manière dont tu le joues, j'adore écouter les jeunes élèves ! Et puis, cela me permettra de me mettre en confiance avec toi... Je t'avouerais que je ne suis pas encore à l'aise avec des gens de ton âge..."

Cette petite confession était vraie, et Franz espérait qu'en montrant qu'il était aussi nerveux qu'Aaron semblait l'être, cela leur permettrait de calmer le jeu.
Aaron finit par acquiescer et s'approcha lentement du piano. Son visage fermé semblait extrêmement tendu et Franz n'arrivait pas vraiment à deviner ce qui se passait dans sa tête. Il s'en voulait un peu de l'avoir un peu forçé à jouer... Et il espérait qu'Aaron ne lui en tienne pas rancune... Enfin... C'était trop tard, maintenant... Aaron était maintenant assis sur le petit siège de cuir.

Le professeur posa une dernière question avant qu'Aaron ne joue :

"Et quel morceau aurais-je l'honneur d'écouter ?"